Partenaire de la première heure, je rencontrai le Club Poker et son fondateur Laurent Dumont en 2003, première interview. Cinq ans plus tard, Laurent me faisait à nouveau un grand honneur en m’invitant à CP Radio saison 1, épisode 17. C’était le 20 mars 2008. Un gros buzz d’autant plus appréciable qu’il s’agissait de présenter Le poker, au-delà du hasard (dont le titre a été choisi par FabSoul lui-même à la suite d’un sondage au casino Barrière de Deauville), annoncé en grande pompe, mais qui ne sortait qu’un mois plus tard… J’avais proposé comme deuxième invité Francois Tardieu, qui venait d’écraser deux tournois dans un grand casino Lyonnais. L’interview de ManuB était à la hauteur et l’émission très suivie.
Photo Club Poker
Saison 1, épisode 17, le 20 mars 2008
Aujourd’hui, CP Radio m’invite à nouveau, avec Yann Le Dréau : pour parler des livres de poker, et bien entendu du récent Poker is War, dont il est l’auteur principal, et moi l’éditeur (Praxeo). François Montmirel, fondateur des éditions Fantaisium sera présent. Mais je crois que nous n’allons pas parler tant que ça des livres de poker, mais bel et bien du poker lui-même car ces trois jalons (2003, 2008, 2012) marquent trois périodes complètement différentes d’une histoire folle. Une histoire qui pourrait bien mal finir, d’ailleurs.
Mal finir ? Je fais référence au post de Claire Renaut sur son blog Vie de Fish : L’argent a-t-il tué le jeu d’argent ? “Where have the cowboys gone” ? – vous connaissez. Il est difficile de mieux résumer la situation du poker professionnel aujourd’hui, dont je retire deux faits marquants : la disparition quasi-totale des contrats sponsorisés et la polémique des prize-pools « hyperboliques ». Un prize pool hyperbolique, c’est lorsque le gagnant gagne dix ou pourquoi pas même cinquante fois plus que le dixième meilleur classé, qui a pourtant contribué, lui aussi, à éliminer environ 95% des inscrits du tournoi : ce n’est pas la performance qui est valorisée, mais le miracle, le rêve, le miroir aux alouettes pour attirer les gogos du prochains tournois dans un package au forfait à Mazagan, qui pour l’immense majorité sortiront bredouilles à leur tour. Dans ces conditions, les bankrolls, même celle des meilleurs joueurs, s’en retrouvent fragilisées. Les pros se lassent et le font savoir. Ils sont soutenus par les puissants couvreurs, la presse, et bien d’autres.
Évidemment, le public ne suit plus ; je dirais même : il se révolte. L’argent circule autant qu’avant, mais pas dans les mêmes poches : il a quitté celles des joueurs, et ils en ont marre. Marre de travailler plus pour gagner moins. Marre d’atteindre des niveaux techniques vertigineux pour se retrouver en pâture de nolife.
Le poker amateur évolue aussi, encore plus vite, mais dans le bon sens cette fois. Les reg online, eux seuls peut-être, parviennent à tirer leur épingle du jeu, tellement leur niveau de cash game rivalise avec celui des pros (dont beaucoup sont déjà descendus de limite). Autre phénomène : je ne connais pas la proportion de joueurs de freeroll – c'est-à-dire tous les clubs –, importante, de l'ordre de 20% à 25%, comme en témoignent le pharaonique NH Poker Open 2012 (1020 joueurs venant de tous horizons, du 2 au 4 mars 2012, voir l'article et les belles photos), ou les Championnat des Grandes Écoles (Palais Brongniart, 400 joueurs, 10-11 mars 2012). J’ai assisté aux deux événements et j’ai le sentiment qu’à eux deux ils matérialisent déjà la fin d’une époque, et l’avènement d’une nouvelle. Et ça me fait plaisir.
Ça me fait plaisir notamment parce qu’un jour de septembre 2010, avant le Black Friday et autres scandales, je répondais à une interview curieuse de Plato Magazine (un quatre pages dans le numéro 33). Plato, ça n’a rien à voir avec le poker (je ne fais pas que du poker), mais ils m’avaient toutefois posé la question suivante, anodine en apparence.
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Plato Magazine : En ce qui concerne le poker, où en est-on de la fièvre du jeu ? Est-ce selon vous un effet de mode ou une tendance qui dure ? Quelles sont les raisons de ce succès ?
Alexis Beuve : Le poker n’est pas un effet de mode, dans la mesure où il a toujours été largement pratiqué depuis 150 ans et que le hold’em fête son quarantenaire. […] Beaucoup imaginent aujourd’hui qu’on ne savait pas jouer au poker avant le troisième millénaire, cela n’a aucune importance. La nouveauté, ce n’est pas le poker mais l’économie du poker et la people-isation du poker, en explosion permanente depuis bientôt dix ans. Chose remarquable, l’effervescence a été mondiale, et simultanée. J’explique difficilement pourquoi cette économie fonctionne (ça me laisse même perplexe), mais voyez plutôt un poker à deux vitesses : d’abord un poker grand public, le poker de la détente, de l’engouement, des promesses, du rêve et du fantasme, véhiculé par l’image des peoples et des sponsors mirifiques. Mais il y a aussi le poker de la passion et de la compétition, celui des clubs, des forums aux deux millions de posts et des grands tournois internationaux. Je respecte les deux pokers, mais j’affirme que la première forme, pourtant essentielle, celle qui a tant apporté au plus grand nombre – disparaîtra, parce qu’elle est entretenue par un milieu qui doit sans cesse se renouveler et trouver des idées nouvelles à offrir au public. Épuisé, ce « milieu » délaissera le poker de la même façon qu’il se l’est approprié. La seconde forme s’adaptera, et perdurera.
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Dix-huit mois plus tard, je crois que nous y sommes à peu près, non ?
Alors : je passe à la radio. De quoi allons-nous parler ?
Un petit peu des livres quand même, car au même moment, j’édite Poker is War…
Lorsque j’ai écrit Le poker, au-delà du hasard, un joueur sur dix seulement gagnait de l’argent au poker. J’ai conçu cet ouvrage avec l’ambition de donner aux lecteurs quelques éléments pour rentrer dans le golden top 10. Mission accomplie, disent-ils (merci pour tous vos témoignages). C’est le livre du poker solide. Mais il ça ne suffit plus, paraît-il… À peine trois ans plus tard, la proportion de gagnant chute à un sur vingr. La fin des sponsors et les prize pool hyperboliques y sont pour quelques chose bien sûr, mais ce n’est pas tout : le niveau monte, monte, monte… Et Poker is War frappe très fort. Marrant : de nombreux joueurs de clubs le lisent. Imaginez qu’ils décident ensuite de monter en limite ? Bon, je ne vais pas orienter l’émission radio sur une simple promotion. Si vous ne connaissez pas encore, il y a 40 pages à télécharger ici pour une première opinion. Ensuite, Poker is War est le seul livre à ma connaissance qui fournit un support utilisateur : en contact direct avec les auteurs, tous les lecteurs peuvent poser leurs questions, échanger et converser sur le forum du livre : www.pokeriswar.org.
le forum www.pokeriswar.org
Contact direct entre lecteurs et auteurs
La suite en live le 13 mars sur CP Radio.
Durant l'émission, j'ai promis à tous les auditeurs la publication d'un texte extrait de Poker is War:
Mathilde et Charlotte, il est disponible ici.
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Remerciements
Merci à Fabien Perrot pour notre longue discussion du 3 mars au NH Poker Open. Nous étions convenus que, finalement, aucun des sujets – lourds – que nous avons abordés ce soir-là ne pouvait décemment être abordé dans une émission de grande écoute. Puis j’ai changé d’avis. En remerciement, je lui laisse le dernier mot :« Vous faites chier à sortir ce genre de bouquin. »
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Liens
(c) Praxeo 2011
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Le poker, au-delà du hasard
(c) Praxeo 2008, troisième édition 2010 | |
(c) Praxeo 2010
e-book gratuit, heads-up pro am avec ManuB, ValVegas, Nicolas Dervaux, Marion Nedelec |
Poker, la vie des clubs, etc.
Participants du CP Radio, 13 mars 2012
Yann Le Dréau
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Alexis Beuve
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François Montmirel
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Articles Praxeo poker 2012
- 2-4 mars : NH Poker Open 2012, 1000 joueurs, pharaonique !
- 4 mars : shooting photo au NH Poker Open
- 10-11 mars : Championnat de France de poker des Grandes Écoles
- 13 mars : Je passe à la radio (sur Club Poker Radio)
- Poker is War Travel : concours photo permanent
- Mathilde et Charlotte : poker, voyages et libertinage font bon ménage
- 13 mars : La grande braderie de L'As Vegas
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