Sommaire | Article précédent | | Article suivant (à paraître) |
Mémoire 44
Le trou noir de la défaite
Le trou noir de la défaite
Cet article est la suite du précédent.
Deux extraits du Guide Stratégique de Mémoire 44.
Connaissez-vous ce sentiment ?
1/ Vous bâtissez une superbe manoeuvre tactique qui va vous mener à la victoire. Le plan est parfait, il est beau, le match ne peut pas vous échapper. Malheureusement, un petit imprevu survient. Tout ne se passe pas exactement comme prévu. De prime abord ça n'a pas l'air grave. Il reste plein de choses à faire, vous savez quoi faire... Deux minutes plus tard, le match est terminé. Vous avez perdu.
2/ Par analogie avec la gestion d'entreprise, au moment où la trésorerie passe dans le négatif, l'échéance est peut-être beaucoup plus proche qu'on ne le croit : sur un simple coup de téléphone du banquier ou de l'URSAFF, et l'aventure s'arrête net.
Voilà l'objet de cet article : illustrer que lorsqu'un système passe en mort subite, il reste beaucoup moins de temps qu'on ne le croit. On se voit encore dans les milieux de jeu, mais en realité, la partie est déjà presque finie.
Nous allons voir ici, plus en détail, comment s'adapte la stratégie dans un système mixte : démarrage en système de comptage, inversion, fin de partie en système de mort subite.
Ce thème a déjà été traité dans les Épisodes XIII, XIV et XV. Dans le dernier (Épisode XV - T'es qu'un sale traître !), trois enfants nous montrent que les sytèmes mixtes sont parfois relativement "naturels" à appréhender. Avec Mémoire 44, nous en avons un autre, puisque dans un match en 6 médailles (la plupart des scénarios se jouent en 6 médailles), nous allons inévitablement ressentir un effet "mort subite", très accentué lorsqu'un joueur aura atteint 4 points. À deux points du match, le système nous offre un irrésistible effet "trou noir". Les chances de gain chutent de façon vertigineuse, en application du "Problème des partis" de Blaise Pascal.
Chaque courbe matérialise un score constant côté allié : par exemple, 0 point sur la courbe foncée, 5 points sur la courbe claire, ce qui permet de visualiser les chances de gain de la partie en fonction du score adverse (l’Axe). La courbe des chances alliées « plonge » dangereusement vers la défaite lorsque l’adversaire est à 2 points de la victoire.
Dans un match en 6 points, « Le trou noir de la défaite » apparaît à 2 points du match,
puis agit irrésistiblement à 1 point du match.
Avec un peu plus de mathématique, on peut calculer que le point d'inversion de la stratégie à Mémoire 44 (et de tout système en 6 points), s'opère précisément à "-2,4 points" de l'échéance, au score +3,6 points, mais sachant qu'il n'y a pas de points fractonnaires, tout cela reste un pur exercice intellectuel :-)
L'inversion de stratégie quantifiée
Au Mille Bornes, Épisode XV, l'inversion de stratégie se produit en un point bien précis, lorsque le score atteint 3800 points.- Avant ce point, la stratégie saine consiste à prendre des risques pour remonter un retard.
- Après ce point, la stratégie saine consiste à bloquer le joueur en avance.
Toutefois, ce système "mixte" reste très simple, et c'est pour cela que les enfants parviennent à l'appréhender avec justesse. À l'opposé, si je me suis permis quelques parallèles avec la finance, dès l'Épisode IV (que des financiers peuvent à juste titre considérer pour l'instant comme de vulgaires raccourcis réducteurs), c'est parce que je suis bien conscient que l'effet mort subite ne se déclenche pas en un point précis, mais qu'il est latent depuis le début.
En d'autres termes, la plupart des systèmes sont mixtes. On démarre en market risk (systèmes de comptage), et on termine en total credit risk, mais le risque de crédit (c'est-à-dire le risque de liquidité, les chances de ruine, les risques de contrepartie, la banqueroute), s'exprime en réalité en permanence, et ce dès de premier sou investi (ce qui explique par exemple que la courbe de gains plus haut fléchit dès que le score est de 1-0, lorsque l'échéance est encore loin). La nuance est que le risque de mort subite est peu sensible en début de cycle, et très fort en fin de cycle. Faut-il préciser que pour être géré correctement, il ne faut pas bien sûr attendre la fin du cycle, il est trop tard ? Le point d'inversion se produit lorsque les "chances de ruine" outrepassent les "perspectives de profit en market risk". Tout cela est extrêmement difficile à quantifier en finance, et ce n'est pas mon propos, ni mon domaine d'expertise d'ailleurs. Retenez juste que cela existe.
En revanche, Mémoire 44 est un système infiniment plus simple que la finance de marché. Et là, la modélisation quantifiée de toutes les matrices de risque, quel que soit le score, est un exercice relativement aisé.
Extrait du Guide Stratégique de Mémoire 44 :
Matrices de risque... pour tous les scores
On suppose la partie en 6 points.Voici comment quantifier (de façon discrète) l'exposition au risque, c'est-à-dire comment appliquer la bonne stratégie, quel que soit le score.
Cliquez pour agrandir |
Cliquez pour agrandir |
Conclusion
Un système mixte peut être quantifié
... plus ou moins facilement
- La quantification des risques sur l'échelle temporelle est élémentaire au Mille Bornes
C'est l'un des systèmes les plus simples que je connaisse et les enfants y parviennent naturellement. - Elle est relativement "faisable" dans des systèmes discrets, comme Mémoire 44.
On verra par exemple que ça se complique déjà fortement au Backgammon (en match play), et au poker de tournoi. - Elle reste "gérable" dans des systèmes économiques simples comme la gestion d'une petite entreprise. Sans stratégie prédéfinie, on peut commencer par "la méthode des trois T": 1. La trésorerie, 2. La trésorerie, 3. La trésorerie.
Praxeo aura 10 ans en 2013 et un bilan financier en pleine forme, malgré des moyens ultra-limités. - Elle s'applique parfaitement en gestion de projet.
C'est l'objet de la conférence que j'anime avec Pablo Pernot (Smartview, blog Are you Agile?) à l'Agile Tour 2012. - Elle peut transposer dans une effroyable complexité, et devenir une science (technique et humaine), dans des systèmes très élaborés comme la finance de marché, assurément l'un des plus complexes.
Sommaire | Article précédent | | Article suivant (à paraître) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire